vendredi, octobre 19, 2007

Revue de presse du vendredi 19 octobre 2007

Initiative intéressante du journal Libération qui a l'occasion des rencontres de Blois confie les clés du journal à quarante historiens. Ceux-ci s'intéressent à l'opinion publique (thème des rencontres de Blois) mais aussi, évidemment, à Guy Môquet.
Dans un éditorial très vif, le grand historien Jacques Le Goff après avoir rappelé que le pouvoir politique a toujours été tenu à l’écart de la fabrication de l’histoire conclut par cette charge : “ Cet acte est typique du sarkozysme : il allie la volonté d’intervenir dans tous les domaines de la vie des Français et l’introduction de la confusion dans le rappel louable de la Résistance à travers un document personnel émanant d’un jeune membre du Parti communiste, qui n’est pas en cause dans cette lettre. S’il y a une vertu française, c’est celle de la clarté, ne pas tout mélanger. Le Président est le champion du micmac. La clarté s’impose dans le domaine de la mémoire et de l’histoire. Laissons aux historiens le soin d’établir les faits.
Dans un autre article, l’historienne Emmanuelle Loyer, s’interroge sur le choix de la personne de Guy Môquet. : “ Le lourd, très lourd hommage sarkozyste à Guy Môquet n’est donc que le dernier avatar d’une histoire des appropriations de la mémoire résistante. En définitive, ce qui a dicté l’élection de Guy Môquet tient surtout au halo romantique de l’extrême jeunesse sacrifiée, à la texture même d’une lettre où l’émotion – sans parler des considérations de morale familiale – se trouve happée par la mort imminente. Môquet a l’aura d’un jeune Bara de la Résistance. L’arête vive de la mémoire, même instrumentalisée, a des séductions que l’histoire n’a pas. Car, cette fois, de quoi s’agit-il ? De la réinvention d’une résistance purement nationale (quid des Manouchian et autres métèques de l’Affiche rouge, des républicains espagnols engagés dans les maquis du Sud-Ouest ?) et d’un modèle purement patriotique au détriment de l’antifascisme et de l’internationalisme, moteurs de bien des sursauts.
Toujours à propos de LA lettre, le psychiatre Xavier Pommereau, interrogé par Le Monde constate des similitudes entre celle ci et les lettres de jeunes suicidés. Il insiste sur les précautions à prendre avant de la lire à de jeunes adolescents.

L’attitude face à cette lettre varie donc de l’embarras au refus net en passant par une grande circonspection accompagnée de précautions importantes. Dans ce contexte, les déclarations de Claude Guaino, le conseiller spécial de M.Sarkozy risquent de jeter de l’huile sur le feu. Sur Canal +, il déclare "Je ne comprends pas, l'école, ce n'est pas un self-service. Le gouvernement a décidé que c'était un document intéressant. Il demande aux professeurs de le lire", et au cas où les enseignants n’aient pas bien compris le rappel à l’ordre, il a été encore plus précis sur RTL : "Tout ça est très triste mais amène à s'interroger sur ce que doivent être au fond à la fois l'éthique et les devoirs d'un professeur dont la nation a payé des études, dont la nation paie le salaire et auquel la nation confie ses enfants".

A lire aussi dans Libération, le récit d’une rencontre entre des élèves du lycée Jean Macé avec le philosophe Yves Michaud. Ce genre de récit, où l’on ouvre la porte de la classe et où l’on décrit la pédagogie en train de se faire est trop rare dans la presse. C’est pourtant un moyen essentiel de parler de l’école. Loin des querelles et des injonctions gouvernementales, c’est là qu’est vraiment l’école en train de se faire…

Bonne Lecture...
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Libération du 19/10/07



«Si Guy revenait, il serait fou»
Odette Nilès a connu Guy Môquet en détention au camp de Chateaubriant en 1941. Ils se sont plu et s’étaient promis de se «rouler un patin». Elle rappelle l’engagement et les valeurs portées par la Résistance et trouve «débile» de lire la lettre de Guy Môquet dans les vestiaires de l’équipe de France de rugby.
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Guy Môquet : effacement de l’histoire et culte mémoriel (par un collectif d'historiens)
Lundi 22 octobre, la dernière lettre de Guy Môquet sera l’occasion d’une lecture publique et officielle qui aurait pu passer pour une cérémonie de plus dans le panthéon résistant. Il n’en est rien : c’est un véritable programme commémoratif que le Bulletin officiel de l’Education nationale du 30 août organise dans les lycées. Promotion soudaine d’une figure patriotique exemplaire, place centrale accordée à l’école pour la lecture d’une «lettre», dimension principalement nationale de la célébration : tout cela n’est pas sans susciter des interrogations sur les causes profondes de cette fabrique à «flux tendu» d’un héros pour la jeunesse.(...)
Signe de la «fin de la repentance», la célébration d’un Guy Môquet purement patriote, transformé en figure sacrificielle du devoir de mémoire, recrée un culte unanimiste de la nation en escamotant les enjeux les plus actuels de la recherche et de l’enseignement de l’histoire. Chaque acteur de l’espace scolaire jugera de l’attitude qui lui paraît la plus juste, mais il ne nous apparaît pas possible, en tant qu’enseignants comme en tant que chercheurs, de cautionner un tel risque de confusion mémorielle.
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L’icône Guy Môquet
Nicolas Offenstadt Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Nicolas Sarkozy a inauguré son mandat par un acte d’une portée symbolique: la lecture dans tous les lycées de la lettre du militant communiste fusillé en 1941. Mais la politique-spectacle du Président s’est heurtée à des obstacles.
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Mémoire instrumentalisée
EMMANUELLE LOYER INSTITUT D’ÉTUDES POLITIQUES DE PARIS

Au moment où la résistance s’organise dans les lycées pour refuser ce que certains enseignants n’hésitent pas à nommer «l’opération Guy Môquet», peut-être n’est-il pas inutile de revenir sur la figure de ce jeune résistant de 17 ans fusillé comme otage le 22 octobre 1941.
Si l’on voulait symboliser l’action de la Résistance, il y avait bien d’autres références disponibles. Le choix est paradoxal, à plus d’un titre, et peut apparaître comme une réduction concertée du combat à sa dimension sacrificielle.
Le lourd, très lourd hommage sarkozyste à Guy Môquet n’est donc que le dernier avatar d’une histoire des appropriations de la mémoire résistante. En définitive, ce qui a dicté l’élection de Guy Môquet tient surtout au halo romantique de l’extrême jeunesse sacrifiée, à la texture même d’une lettre où l’émotion – sans parler des considérations de morale familiale – se trouve happée par la mort imminente. Môquet a l’aura d’un jeune Bara de la Résistance. L’arête vive de la mémoire, même instrumentalisée, a des séductions que l’histoire n’a pas. Car, cette fois, de quoi s’agit-il ? De la réinvention d’une résistance purement nationale (quid des Manouchian et autres métèques de l’Affiche rouge, des républicains espagnols engagés dans les maquis du Sud-Ouest ?) et d’un modèle purement patriotique au détriment de l’antifascisme et de l’internationalisme, moteurs de bien des sursauts.
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Le pouvoir et l’histoire
Jacques Le Goff

Le XIXe siècle a introduit l’histoire partout. Elle est devenue une matière d’enseignement à l’école et à l’université. Elle a acquis ses spécialistes, les historiens et les professeurs d’histoire, formés selon des méthodes «scientifiques» et s’efforçant, malgré les difficultés, à l’objectivité et à la recherche de la vérité. A leurs côtés, les sociétés occidentales ont toléré des historiens amateurs plus ou moins proches des romanciers historiques ; ces historiens «non scientifiques» ne font que témoigner de la diffusion sociale du goût pour l’histoire. Le pouvoir politique a été tenu à l’écart de la constitution de cette histoire et de la mémoire qui en découlait, réservée à des professionnels. (...)
Une nouvelle intervention du pouvoir rallume aujourd’hui la querelle : la lecture dans les écoles, demandée par le président de la République, de la lettre d’adieu à ses parents écrite par Guy Môquet le 22 octobre 1941, avant d’être fusillé.
Cet acte est typique du sarkozysme : il allie la volonté d’intervenir dans tous les domaines de la vie des Français et l’introduction de la confusion dans le rappel louable de la Résistance à travers un document personnel émanant d’un jeune membre du Parti communiste, qui n’est pas en cause dans cette lettre. S’il y a une vertu française, c’est celle de la clarté, ne pas tout mélanger. Le Président est le champion du micmac. La clarté s’impose dans le domaine de la mémoire et de l’histoire. Laissons aux historiens le soin d’établir les faits.
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Politique des otages
CHRISTIAN DELAGE PARIS-VIII ET EHESS

L’histoire de Guy Môquet permet d’évoquer un moment crucial de l’évolution de la politique de répression conduite par l’occupant en France, et de rappeler le rôle du gouvernement de Vichy dans la politique des otages.
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A Vitry, sous la philo, «le respect»
Des élèves du lycée Jean-Macé ont débattu avec le philosophe Yves Michaud.
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Un intellectuel pur sucre
PASCAL ORY, PARIS I

On prouve le mouvement en marchant ; on prouve l’intellectuel en parlant. A deux conditions : qu’on accepte la discussion (la «dispute», pour parler comme au Moyen-Âge), mais, surtout, qu’on accepte de discuter avec la «société», qui a toujours le terrible inconvénient de ne pas être principalement composée d’intellectuels.
Yves Michaud est ce qu’on appelle un philosophe ; traduisons, en langage courant : un professeur de philosophie. Or ça ne lui a pas suffi. D’un côté, il s’est révélé philosophe atypique, en ne jouant pas le jeu de la «carrière» professorale – il a troqué un poste en Sorbonne pour un poste en province -, ensuite en acceptant de diriger l’Ecole nationale des beaux-arts. Mais c’est aussi, et c’est ici, à Vitry, dans ce lycée de «zone sensible», un intellectuel pur sucre. Un intellectuel est quelqu’un à qui la société a reconnu des compétences culturelles et une certaine autorité, mais qui en profite pour faire un travail de citoyen.
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Le Figaro du 19/10/07


Rien vu...

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L’Humanité du 18/10/07 (un jour de retard)



Lettre ouverte aux lycéennes et aux lycéens de Rhône-Alpes
PAR MARIE-FRANCE VIEUX-MARCAUD, VICE-PRÉSIDENTE (PCF) DU CONSEIL RÉGIONAL, CHARGÉ DE LA FORMATION INITIALE ET DES LYCÉES.

Vous qui avez entre 15 et 18 ans aujourd’hui, vous allez entendre le 22 octobre prochain dans vos lycées les mots d’un jeune résistant communiste, Guy Môquet, fusillé à dix-sept ans par les nazis le 22 octobre 1941.
Sa dernière lettre, écrite avant son exécution à ses parents, à son frère et à ses camarades, sera lue par ordre du président de la République dans tous les lycées.
Il est indispensable de garder vivante la mémoire du courage et de l’engagement d’un jeune militant qui meurt pour ses idées. Il se battait pour la liberté, la démocratie, une République de droit…
Alors quel lien peut-il y avoir entre Nicolas Sarkozy, représentant d’une droite, mariée, rappelons-le, à plus de 20 % avec l’extrême droite, et Guy Môquet ?[…]
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Je lirai la lettre de Huynh Khong An…
PAR ALAIN RUSCIO, HISTORIEN

Je ne la lirai pas à mes élèves, puisque j’ai quitté l’enseignement il y a bien des années. Mais, oui, je lirai la lettre de Huynh Khong An, un patriote vietnamien, un communiste français et vietnamien. À mes proches, à mes amis et même, tiens, aux participants des 7e Assises de la coopération franco-vietnamienne qui commenceront, heureuse coïncidence, précisément ce 22 octobre, à Montreuil.
Huynh comment ? Peu de Français, peu d’historiens, peu de ses camarades de Parti connaissent son nom.
Il a pourtant avec Guy Môquet deux points, au moins, en commun : il était communiste et il a été fusillé à Châteaubriant, comme otage, le 22 octobre 1941. Il était, par rapport au jeune Guy, un vieux. Pensez donc, il avait vingt-neuf ans !
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Le Parisien du 19/10/07 ( payant)



Allergique... et donc privée de cantine !
Vaulx-Milieu (Isère)
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La Croix du 19/10/07



Les familles immigrées, d'ici et d'ailleurs
Pour les millions de familles immigrées en France,la question de la transmission de la mémoire familiale,de la culture d’origine, occupe une place essentielle.
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20 minutes du 19/10/07



Rien vu...


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Métro (Paris) du 19/10/07



Rien vu...


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Rue89 du 19/10/07



Rien vu...



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Ouest-France du 19/10/07



Pennac, le cancre qui apprit à aimer l'école
Il ne l'avait jamais écrit. Il le raconte aujourd'hui dans un livre, à 63 ans. Daniel Pennac, auteur de la série des Malaussène, récits foisonnants, phénomène éditorial des années 1990 avec six millions d'exemplaires vendus, fut un cancre. Un vrai, un authentique. Un qui souffre.
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Sud-Ouest du 19/10/07



Rien vu...


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Le Journal du Dimanche du 19/10/07



Rien vu...


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Le Monde daté du 20/10/07



Amour et sexualité racontés par Titeuf
L'amour et la sexualité expliqués aux 9-14 ans ? "Ben, c'est pô difficile." Il suffit de suivre Titeuf et Nadia pour comprendre qu'à la puberté "y a plein de choses qui poussent : les poils, les seins, le pénis", qu'être amoureux "ça fait des drôles de sensations" et que pour faire l'amour "faut une méga dose de respect". Portée par le succès de "Crad' expo" qui explorait de manière ludique et sans tabous les fonctions de l'organisme, la Cité des sciences de La Villette à Paris choisit une nouvelle fois un ton humoristique et décalé pour parler d'amour et de sexe aux préadolescents.
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La lettre de Guy Môquet analysée par un psychiatre : Xavier Pommereau
En lisant la lettre de Guy Môquet, j'ai été frappé par ses similitudes avec les lettres d'adieu de jeunes qui veulent se suicider ou qui l'ont fait. Aujourd'hui, un adolescent qui voudrait en finir n'écrirait pas autre chose que ce qu'a écrit Guy Môquet.
[…] Cette lettre reste sur le registre de l'émotion et il faut éviter tout contresens. Rien ne dit que le jeune homme n'a pas choisi de mourir, y compris en se sacrifiant. Sortie de son contexte, elle peut avoir un aspect extrêmement pathétique et mobilisateur.[…] Ce texte est l'occasion de parler de la Résistance, du comportement que tout être humain pourrait avoir dans ces mêmes circonstances, de parler non seulement de la seconde guerre mondiale mais du rapport à la mort, de ce qui est héroïque mais aussi de ce qui ne l'est pas. Guy Môquet n'est pas une victime sacrificielle et n'a rien à voir, par exemple, avec de jeunes kamikases d'aujourd'hui qui peuvent se faire exploser sur un marché à Bagdad.
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La vie confinée et discrète des familles de sans-papiers
A Paris, Mme C., une Chinoise qui a déjà été expulsée, vit dans la peur des policiers avec son mari et ses deux enfants.
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Le Nouvel Obs Permanent du 19/10/07


Lettre de Guy Môquet : Guaino s'en prend aux enseignants
"Je ne comprends pas, l'école, ce n'est pas un self-service. Le gouvernement a décidé que c'était un document intéressant. Il demande aux professeurs de le lire", a rappelé l'éminence grise de Nicolas Sarkozy.
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L’Express.fr du 19/10/07


Rien vu...


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Une sélection dans les dépêches du 19/10/07



Lettre Môquet: Guaino doit "arrêter d'insulter" les enseignants
L'eurodéputé PS Benoît Hamon a appelé vendredi le conseiller spécial du président de la République, Henri Guaino, à "arrêter d'insulter les enseignants", après ses propos virulents contre ceux qui refusent de lire la lettre de Guy Môquet lundi à leurs élèves.
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Sept organisations de l'Education dénoncent "la criminalisation du militantisme"
Sept organisations liées à l'Education ont exprimé vendredi leur soutien aux militants poursuivis pour leur engagement auprès des sans-papiers et dénoncé "la criminalisation du militantisme", lors d'une conférence de presse commune.
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Le directeur d'une école passé à tabac à Orbey (Haut-Rhin)
Le directeur de l'école élémentaire d'Orbey (Haut-Rhin) a été agressé et passé à tabac jeudi après-midi par un individu extérieur à l'école, a-t-on appris auprès des gendarmes.
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Refus du maire PS de Limoges d'assister à la lecture de la lettre de Guy Môquet
Le député-maire socialiste de Limoges, Alain Rodet, refuse d'assister à la lecture de la lettre de Guy Môquet dans un lycée de la ville le 22 octobre comme le souhaite le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, a-t-on appris vendredi auprès de son cabinet.
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