samedi, juin 10, 2017

Pour une cérémonie et un serment de titularisation des enseignants



Ce texte était initialement prévu pour alimenter une série proposée par Slate.fr intitulée les « 100 propositions pour la France » à l’occasion de la présidentielle 2017. Bien que n’étant pas chercheur j’avais été sollicité pour y participer. C’est un autre texte, sur la formation, qui a été retenu.
Ce qui m’amène à le ressortir en cette fin d’année, c’est une conversation avec mes stagiaires à l’ESPÉ. Lorsqu’ils m’ont demandé quand ils sauraient s’ils sont titularisés, j’ai été amené à leur dire qu’ils ne le sauraient pas... Ou plutôt que s’ils n’avaient aucune nouvelle pendant l’été, cela signifierait qu’ils l’étaient. C’est en pensant à cela que j’ai eu l’idée de ressortir cette proposition destinée à susciter le débat. Qu'en pensez vous ? 
PhW
----------------------

Parce qu’on ne rentre pas dans ce métier par hasard, parce qu’il est important de réfléchir à la déontologie et aux finalités de l’École, je propose que la fin de la formation initiale et le moment de la titularisation des enseignants se conclue par la prestation d’un serment à l’occasion d’une cérémonie.


Cérémonie du serment de Socrate 
en Belgique en 2009
« Je m’engage à mettre toutes mes forces et ma compétence dans ma classe et dans mon établissement au service de l’éducation de chacun des élèves qui me sera confié et à la lutte contre les inégalités scolaires. Pour y parvenir, je m’engage à me former régulièrement et actualiser mes connaissances et compétences au service de cette mission.» Voilà ce que pourrait être le serment prononcé par les enseignants débutants lors d’une petite cérémonie collective. Et on en profiterait aussi pour fêter cette belle occasion avec ses collègues et sa famille !

Actuellement que se passe t-il quand on devient enseignant titulaire ? Rien… Après tout un processus de validation que nous ne décrirons pas ici, la formation se termine à l’ESPÉ et c’est tout. On apprend au cours de l’été que l’on devient titulaire et on se rend à la rentrée dans l’établissement où on a été affecté. Pour être plus précis encore, on n’apprend rien puisque seuls ceux qui sont convoqués pour un entretien associé à un redoublement ou un licenciement reçoivent quelque chose. Pour les autres, pas de nouvelles, bonne nouvelle !

La vie est faite de rites et de symboles. Même si en France, ils ont tendance à se raréfier. Et la prestation de serment n’y est pas un rite si rare que cela. Les médecins prêtent le serment d’Hippocrate et les avocats tout comme les architectes prêtent aussi serment lors de leur titularisation.
En Belgique francophone, les enseignants débutants prêtent le serment de Socrate dont s’inspire cette proposition. Ce texte, très proche de celui énoncé plus haut, conduit les nouveaux diplômés à prêter serment pour promouvoir l’égalité devant la réussite scolaire de tous leurs élèves.

Bien sûr, on pourra me rétorquer que les enseignants n’ont pas besoin de cela pour avoir en tête cette exigence d’égalité. Mais, ça va toujours mieux en le disant ! La symbolique du serment s’inscrit dans la logique d’une corporation et d’un métier et permet d’affirmer de manière explicite (et pas seulement implicite) des valeurs. Et cela permet aussi d’y réfléchir avant au cours de la formation. Et la prestation de serment qui serait aussi faite par les autres catégories de personnels comme les chefs d’établissement, rend encore plus forte l’idée même de “collègues” unis par des valeurs communes.

Et puis, on le sait bien avec le baccalauréat qui reste un des derniers grands rites de passage, les rituels et toutes les cérémonies sont l’occasion de rassembler toute une communauté autour d’un moment particulier. 
C’est donc aussi un moment où on peut manifester l’estime de la Nation à une profession particulière et... boire un coup avec ses proches ! Et ça,  c’est toujours bon à prendre !


Philippe Watrelot


Licence Creative Commons

Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 France.

Aucun commentaire:

 
Licence Creative Commons
Chronique éducation de Philippe Watrelot est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
Fondé(e) sur une œuvre à http://philippe-watrelot.blogspot.fr.