dimanche, novembre 05, 2017

Une première biennale mais pas la dernière #BIEN17


#BIEN17 jour 4 dimanche 5 novembre (dans le TGV Poitiers-Paris)

Voilà, c’est fini...🎶 La première biennale internationale de l’éducation nouvelle s’est achevée par un discours de clôture combattif et volontiers provocateur de Philippe Meirieu.
Le terme de bilan serait excessif. Je propose quelques impressions à chaud de cet évènement qui rassemblait six mouvements se réclamant de l’éducation nouvelle. Avec deux questions en tête. D’abord celle de la diversité et de l’unité de ce mouvement. Et puis celle de savoir si cette éducation est toujours nouvelle.   



Diversité et unité de l’éducation nouvelle
Comme je l’ai déjà rappelé dans mon premier billet, j’ai pour particularité d’avoir été adhérent ou très proche de plusieurs organisations (Cemea, Crap et Fespi...). Mais je ne suis pas exceptionnel et j’ai pu constater dans les échanges durant cette rencontre qu’il y avait une certaine porosité entre nos mouvements. Un(e) militant(e) d’une organisation a pu, dans son parcours, croiser le chemin d’autres associations.
C’est peut-être la première chose que je voudrais retenir de cet évènement. On a su travailler ensemble même si ce n’est pas toujours simple. Je regrettais dans le billet qui introduisait cette série les logiques de « boutique ». Elles existent indéniablement, tout comme il y a des cultures propres à chaque organisation. Mais la biennale a été un point de rencontre qui a permis dans les ateliers et des moments informels de dépasser ces instincts grégaires (et compréhensibles).
Lorsque j’étais président du CRAP, j’ai beaucoup œuvré pour qu’on aille vers une mutualisation de nos moyens (humains, matériels,...) dans une logique d’économie d’échelle mais sans beaucoup de succès. On peut espérer qu’à l’image du comité de pilotage ou de l’équipe d’accueil, cette logique de mutualisation et de coopération soit relancée.
Alors, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ? Même si on a envie de ne retenir que les bons moments, en fait, cet évènement a été le révélateur de ce qui fait à la fois l’unité mais aussi la diversité et l'hétérogénéité de ces mouvements d’éducation nouvelle. Il y a de tout, du bon et du moins bon, ce qui me plaît et ce qui m’agace. Dans les 230 personnes présentes et dans les organisations participantes, on peut discerner des différences dans les centres d’intérêt, les postures, les histoires personnelles.
Ceux pour qui l’École est le lieu principal d’action, d’autres qui envisagent l’éducation dans le cadre du péri-scolaire ou des vacances... Ceux qui ont des certitudes et ceux qui ont des convictions mais pas de certitudes (devinez ceux que je préfère...), des dogmatiques et des pragmatiques, des sentencieux et d’autres qui doutent,  ceux qui ont de la méfiance pour les technologies et ceux qui voient le numérique comme un outil pédagogique parmi d’autres, ceux qui se méfient des neurosciences et ceux qui les voient comme une source d’information parmi d’autres,  ceux qui se situent dans une sorte de pureté radicale par rapport à la «marchandisation» et ceux qui la voient comme une réalité avec laquelle il faut composer, des “révolutionnaires” et des réformistes, des jeunes (beaucoup) et des vieux, des chevelus et des pas chevelus (devinez où je me situe !)...



L’Education toujours nouvelle
Mais au delà de ces différences, il y a aussi des valeurs en partage. Une indignation devant les inégalités sociales et une conviction profonde qui est celle que l’éducation peut contribuer au progrès humain et que l’éducation doit être celle de tous par des pratiques de coopération. Toutes les personnes qui étaient rassemblées à Poitiers malgré les petites critiques que je formule ont pu débattre durant ces quatre jours dans une sorte de « solidarité critique » pour reprendre une expression du sociologue Bruno Latour cité par Philippe Meirieu. L’éducation nouvelle pose plus de question qu’elle ne fournit des réponses prêtes à l’emploi...
Rien de pire que le pédagogue qui dirait avoir, une fois pour toutes, LA solution ! La pédagogie, nous disait Philippe Meirieu dans sa conférence de clôture, refuse tout « applicationnisme » systématique et promeut toujours des débats pédagogiques inventifs

Un mini débat a couru durant cette biennale : faut-il changer le nom de cette éducation nouvelle alors que c’est sa dénomination depuis 150 ans ? On pourrait se dire que le fait de continuer à la qualifier de « nouvelle » après tout ce temps est une forme d’échec et devrait nous interroger.
Pour Philippe Meirieu citant Gaston Mialaret, ancien président du GFEN, l’éducation nouvelle sera toujours nouvelle car elle doit s’adapter sans cesse aux enjeux du monde contemporain et aux apports de la science. C’est cette adaptation et ce questionnement permanent qui en fait la « nouveauté » ou plutôt le renouvellement.
Le danger serait celui de se transformer en « musée » de la pédagogie où le dogmatisme et l’application de procédures figées l’emporteraient sur l’expérimentation et l’esprit de recherche.

Des convictions mais pas de certitudes...
Une éducation nouvelle toujours en mouvement pour le 21ème siècle.
A bientôt pour le deuxième biennale ? 

Philippe Watrelot
Le 5 novembre 2017


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Les billets consacrés à la Biennale internationale de l’éducation nouvelle
Billet n° 2 : Sciences et pédagogie
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